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La Marquise et son Boudoir...

21 janvier 2013

{In Memoriam}

Il y a exactement 220 ans que mourait sous la guillotine, Place de la Révolution, Sa Majesté Louis le Seizième du nom...

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En cette date anniversaire, relisons son testament rédigé le 25 décembre 1792 dans sa prison du Temple.

"Au nom de la tres Sainte Trinité du Pere du fils et du St Esprit. Aujourd’hui vingt cinquieme jour de Decembre, mil sept cent quatre vingt douze. Moi Louis XVIe du nom Roy de France, etant depuis plus de quatres mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple a Paris, par ceux qui etoient mes sujets, et privé de toutte communication quelconque, mesme depuis le onze du courant avec ma famille de plus impliqué dans un Proces, dont il est impossible de prevoir l’issue a cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun pretexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant que Dieu pour temoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser. je declare ici en sa presence mes dernieres volontés et mes sentiments.

Je laisse mon ame a Dieu mon createur, je le prie de la recevoir dans sa misericorde, de ne pas la juger d’apres ses merites, mais par ceux de Notre Seigneur Jesus Christ, qui s’est offert en sacrifice a Dieu son Pere, pour nous autres hommes quelqu’indignes que nous en fussions, et moi le premier.

Je meurs dans l’union de notre sainte Mere l’Eglise Catholique Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C. les avoit confiés. je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Eglise, les Sacrements et les Mysteres tels que l’Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. je n’ai jamais pretendu me rendre juge dans les differentes manieres d’expliquer les dogmes qui dechire l’Eglise de J C. mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux decisions que les superieurs Ecclésiastiques unis a la Sainte Eglise Catholique, donnent et donneront conformement a la discipline de l Eglise suivie depuis J.C. je plains de tout mon cœur nos freres qui peuvent estre dans l erreur, mais je ne pretends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chretienne nous l’enseigne.

Je prie Dieu de me pardonner tous mes pechés. j’ai cherché a les connoitre scrupuleusement a les detester et a m’humilier en sa presence, ne pouvant me servir du Ministere d’un Prestre Catholique. je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faitte et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) et des actes qui peuvent estre contraires a la discipline et a la croyance de l’Eglise Catholique a laqu’elle je suis toujours resté sincerement uni de cœur. je prie Dieu de recevoir la ferme resolution ou je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitost que je le pourrai du Ministere d’un Prestre Catholique, pour m’accuser de tous mes peches, et recevoir le Sacrement de Penitence.

Je prie tous ceux que je pourrois avoir offensés par inadvertance, (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense a personne) ou ceux a qui j’aurois put avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croyent que je peux leur avoir fait

Je prie tous ceux qui ont de la Charite d’unir leurs prieres aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes peschés.

Je pardonne de tout mon cœur, a ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donne aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de mesme que ceux qui par un faux zele, ou par un zele mal entendu m’ont faits beaucoup de mal.

Je recommande a Dieu, ma femme, mes enfants, ma Sœur, mes Tantes, mes Freres, et tous ceux qui me sont attachés par les Liens du Sang, ou par quelqu’autre maniere que ce puisse estre. je prie Dieu particulierement de jetter des yeux de misericorde, sur ma femme mes enfants et ma Sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grace s’ils viennens a me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde perissable.

Je recommande mes enfants a ma femme, je n’ai jamais doutté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recomande surtout d’en faire de bons Chretiens et d’honnestes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont comdamnes a les eprouver) que comme des biens dangereux et perissables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Eternité. je prie ma Sœur de vouloir bien continuer sa tendresse a mes enfants, [mots raturés], et de leur tenir lieu de Mere, s’ils avoient le malheur de perdre la leur.

Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrois lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut estre sure que je ne garde rien contre elle, si elle croioit avoir quelque chose a se reprocher.

Je recomande bien vivement a mes enfants, apres ce qu’ils doivent a Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obeissants a leur Mere, et reconnoissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en memoire de moi. je les prie de [mot raturé] regarder ma Sœur comme une seconde Mere.

Je recomande a mon fils s’il avoit le malheur de devenir Roy, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses Concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommement tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’eprouve. qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en regnant suivant les Loix, mais en mesme temps qu’un Roy ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité necessaire, et qu’autrement etant lié dans ses operations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.

Je recomande a mon fils d’avoir soin de touttes les personnes qui m’etoient attachées, autant que les circonstances ou il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée qui j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont peris pour moi, et ensuitte de ceux qui sont malheureux pour moi je scai qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’etoient attachées qui ne se sont pas conduittes envers moi comme elles le devoient, et qui ont mesme montrés de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent dans les moments de troubles et d’effervescence on n’est pas le maitre de soi) et je prie mon fils s’il en trouve l’occasion de ne songer qu’a leur malheur.

Je voudrois pouvoir temoigner ici ma reconnoissance a ceux qui m’ont montrés un veritable attachement et desintéressé. d’un costé si j’etois sensiblement touché de l’ingratitude et de la deloyauté de gens a qui je n’avois jamais temoignés que des bontés, a eux a leurs parents ou amis, de l’autre j’ai eu de la consolation a voir l’attachement et l’interest gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrées. je les prie d’en recevoir tous mes remerciments, dans la situation ou sont encore les choses, je craindrois de les compromettre, si je parlois plus explicitement mais je recomande specialement a mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconoitre.

Je croirois ca[lo]mnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recomandois ouvertement a mon fils Mrs de Chamilly et Hue, que leur veritable attachement pour moi, avoit porté a s’enfermer avec moi dans ce triste sejour, et qui ont pensés en estre les malheureuses victimes. je lui recomande aussi Clery des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi comme c’est lui qui est resté avec moi j’usqu’a la fin, je prie Mrs de la Commune de lui remettre mes hardes mes livres, ma montre ma bourse, et les autres petits effets qui ont estés deposés au Conseil de la Commune.

Je pardonne encore tres volontiers a ceux qui me gardoient, les mauvais traitements et les genes dont ils ont cru devoir user envers moi. j’ai trouvé quelques ames sensibles et compatissantes, que celles la jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

Je prie Mrs de Malesherbes Tronchet et de Seze, de recevoir ici tous mes remerciments et l’expression de ma sensibilité, pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.

Je finis en declarant devant Dieu et pret a paroitre devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. Fait double a la tour du Temple le 25 Decembre 1792. LOUIS."

 

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3 mai 2012

Jeanne d'Arc, Journal d'une courte vie...

Pucelle OrléansEn cette année 2012, nous fêtons le 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, cette Pucelle qui « bouta les Anglais hors de France ».

Les Editions Bénévent m’ont gracieusement offert un exemplaire d’un ouvrage paru récemment : « J’ai nom Jeanne la Pucelle, journal d’une courte vie » suivi de « Pour un profil apuré et incarné ».

L’auteur, Alain Vauge, retrace l’épopée johannique en respectant la chronologie des hauts et des petits faits qui émaillèrent la vie de la Pucelle. En effet, l’histoire de Jeanne d’Arc ne se résume pas seulement à ces quelques scènes célèbres comme la rencontre du Dauphin de France à Chinon ou la délivrance de la ville d’Orléans.

Jeanne d’Arc, c’est aussi la longue chevauchée entre les bords de la Loire et Orléans ; Paris et les différents faits d’armes en ces temps troublés de guerre.

C’est aussi l’histoire d’une jeune femme charismatique, à la personnalité aussi forte que déroutante. L’auteur nous offre une nouvelle facette de ce personnage, une facette totalement différente de ces archétypes et stéréotypes que nous ont laissé l’Histoire de France et les traditions populaires.

Les points forts de cet ouvrage sont les nombreux témoignages des contemporains de la Pucelle : ses camarades d’enfance, ses compagnons de route et ceux qui l’ont hébergé, au gré de ses pérégrinations. De plus, une grande partie du livre est consacrée au procès de Jeanne d’Arc, la lecture reste divertissante car émaillée de nombreux échanges verbaux entre l’évêque Cauchon et la Pucelle. Ces échanges verbaux soulignent la vivacité et la perspicacité de Jeanne d’Arc.

L’autre intérêt de cet ouvrage, c’est qu’il présente un réel travail de recherche sur le contexte de l’époque, sur la société médiévale dans laquelle a évolué Jeanne d’Arc. Cette analyse est aussi pertinente que succincte, ce qui permet au lecteur de comprendre combien cette mentalité médiévale est si différente de la nôtre. Alain Vauge complète cette analyse avec une brève présentation de quelques grands personnages français et anglais, hommes politiques ou hommes de guerre. L’annexe du livre apporte aussi quelques notes complémentaires permettant une meilleure compréhension sur ce que fut la terrible Guerre de Cent Ans.

Enfin, la seconde partie du livre qui est intitulée « Pour un profil apuré et incarné » tente de dresser un profil psychologique de Jeanne d’Arc et de faire différencier la légende johannique des réalités. J'ai trouvé cette analyse très pertinente et pourtant, il s'agit d'un travail difficile puisque le mystère des voix entendues par Jeanne d'Arc resterait une énigme...

L’auteur a été clair dès le début : il souhaite débarrasser Jeanne d’Arc de sa légende merveilleuse, c’est pourquoi il n’y a pas d’iconographie classique dans cet ouvrage afin de renforcer sa volonté d’exposer les réalités objectives. C’est permettre ainsi au lecteur de brosser son propre portrait de Jeanne d’Arc.

Par la même occasion, l’auteur souhaite développer la neutralité de notre jugement pour le déroulement et l’examen des différents faits et des événements historiques autour de la personne de Jeanne d’Arc. Pour cela, Alain Vauge persiste à souligner que le patriotisme médiéval n’existait pas à cette époque et qu’il faut extrapoler notre regard ailleurs : quelles étaient les motivations de Jeanne d’Arc ? Qu’en ont-ils pensé, ceux qui étaient en face, ces Anglais et ces Bourguignons ? Comment faut-il comprendre le contexte politique et religieux de cette période ?

Pour conclure, je recommande cet ouvrage aux lecteurs curieux de découvrir l’histoire de la Pucelle d’Orléans de manière la plus complète que possible. Ce livre mérite d’avoir une bonne place parmi les ouvrages qui sortent ou qui sortiront en cette date anniversaire.

Et encore merci à Alain Vauge et aux Editions Bénévent pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage très intéressant !

Edit de 22h19 : je vous laisse ci-dessous un lien vers le site "Histoire pour tous" qui a également une excellente critique de l'ouvrage : http://www.histoire-pour-tous.fr/livres/67-essais/4100-jai-nom-jeanne-la-pucelle-journal-dune-courte-vie.html

4 avril 2012

Dans ma bibliothèque # 1

Voici une toute petite sélection de livres que j’ai lu ces derniers temps. Des livres à caractère « historique », correspondant bien sûr au profil de ce blog.

Roman Rois« Le Roman des Rois » de Max Gallo

Non seulement académicien, Max Gallo est également l’auteur de nombreux romans historiques. L’un de ses derniers livres est « Le Roman des Rois ». 

L’idée de Max Gallo était de mettre en parallèle deux familles, l’une qui est prestigieuse car il s’agit de la lignée des Rois Capétiens et l’autre, les Villeneuve de Thorenc, cette lignée de chroniqueurs qui furent au service de ces Rois.

Il s’agit de découvrir dans ce livre l’histoire de trois Rois Capétiens… Le choix de raconter leur destin n’est pas anodin : il s’agit des souverains les plus extraordinaires de leur dynastie. Ils furent des bâtisseurs du Royaume de France. Ils ont vécu dans un contexte fortement marqué par les Croisades, la construction de deux joyaux médiévaux tels que la Cathédrale de Notre Dame et la Sainte Chapelle, ou encore le célèbre procès des Templiers.

Les trois Rois capétiens évoqués sont effectivement Philippe II Auguste dit le Conquérant, Louis IX le Saint et enfin, Philippe IV le Bel.

Je conseille aux curieux, passionnés de l’Histoire ou non,  de lire ce livre car il y a cette idée intéressante de romancer l’Histoire de France à travers trois de ses plus fascinants Rois.  

Néanmoins cette  histoire reste assez superficielle, surtout que la répartition du récit entre les trois Rois est assez inégale. Le destin de Philippe II le Conquérant est le plus mieux développé et on redécouvre avec intérêt la foi incroyable de Saint Louis qui meurt durant la dernière Croisade. Mais la partie concernant cet énigmatique Philippe IV est trop raccourcie, on a l’impression que c’est assez survolé. Pour mieux connaître Philippe IV et le procès des Templiers, l’œuvre de Maurice DRUON « les Rois Maudits » est très excellente !
Les critiques sont généralement négatives pour « Le Roman des Rois », pourtant je l’ai bien apprécié car je l’ai lu sans m’ennuyer, découvrant avec plaisir les chroniques médiévales des Villeneuve de Thorenc.

 

Ancêtres Gaulois« Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises » de François Reynaert.

Voilà un journaliste passionné d’Histoire qui raconte l’Histoire de France, tout en cherchant à briser les stéréotypes profondément enracinées dans notre mémoire nationale !

Cet ouvrage narre l’Histoire de notre France mais surtout, celle de l’Europe de l’Ouest. La France de nos ancêtres était aussi une nation issue de la fusion de nombreux peuples qui parcoururent l’Europe, il y a plusieurs siècles de cela. Francs, Celtes, Vikings et d’autres peuples aux origines multiples ont donné naissance à nos chers Gaulois !

Outre de nombreuses cartes de l’Europe au fil des siècles, ce livre nous offre aussi des explications claires et concises en réponse à des questions historiques parfois obscures.

Grâce au style clair et parfois incisif de l’auteur, nous redécouvrons le déroulement de quelques grandes batailles françaises et leur contexte politico-historique,  nous regardons autrement le mythe du Roi franc Clovis Ier ou celui de Jeanne d’Arc. L’auteur n’hésite pas à nous dévoiler des pans assez sombres de notre Histoire.

Cette lecture nous offre la possibilité de prendre du recul par rapport à l’idée d’une nationalité française vieille de plusieurs siècles. En effet, le sentiment patriotique est né assez tardivement dans une France où l’on parlât longtemps le patois régional, où les habitants des campagnes reculées n’avaient qu’une vague idée de leur appartenance à une nation. 

Cela permet de mieux comprendre le phénomène de la mondialisation, aujourd’hui. En effet, nous, les Français et les Françaises, sommes issus d’une assimilation des différentes cultures au fil des siècles.

Néanmoins « Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises » a également quelques points faibles. L’auteur paraît assez partial dans son récit, il fait souvent une narration sous son propre regard. L’assimilation de Saint Louis à un acteur de la Shoah me paraît assez réductrice. La personnalité de Saint Louis et ses réactions face aux Juifs résidant dans son royaume sont analysées à travers les horreurs vécues ensuite durant la Shoah. Et enfin, la partie traitant le XXème siècle est assez abrégée car l’auteur souhaitait, en toute bonne foi, éviter de dériver vers le discours politique et subjectif. Mais il me semble dommage que François Reynaert n’ait pas développé une analyse de la Guerre d’Algérie et le rôle prépondérant du Général de Gaulle. 

En résumé, c’est un ouvrage très intéressant dans son ensemble et assez accessible à tous les lecteurs. La démarche de l’auteur est également positive avec son invitation à la critique et son ouverture d’esprit. Cependant, ce livre doit être étayé par d’autres lectures plus complètes.

Si vous souhaitez avoir une analyse plus fine que la mienne, je vous invite à lire cet article très complet : http://www.histoire-pour-tous.fr/livres/67-essais/3476-nos-ancetres-les-gaulois-et-autres-fadaises-f-reynaert.html

20 janvier 2012

Mère & Fils chez les Bourbons # 5

Nous voilà arrivés au dernier sujet d’étude sur le thème de « Mère et Fils chez les Bourbons » avec la Reine Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI.

Le destin tragique de Marie-Antoinette, Archiduchesse d’Autriche, fut scellé le 19 avril 1770 lorsqu’elle fut donnée, par procuration, en mariage au Dauphin de France, Louis Auguste de Bourbon.

Les seize enfants de la puissante Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche étaient destinés à être au service de la politique diplomatique de l’Autriche. C’est-à-dire que ces Archiducs et ces Archiduchesses d’Autriche allaient faire des mariages purement diplomatiques dans le but de réconcilier l’Autriche avec ses voisins rivaux.

Tel est le cas de la jeune Archiduchesse d’Autriche, Marie Antoinette, qui fut alors promise au Dauphin de France, le petit-fils de Louis XV. Après de longues décennies de luttes et de guerres, la France et l’Autriche se sont enfin rapprochées afin de lutter contre la montée en puissance de la Prusse et de l’Angleterre. Ce rapprochement diplomatique a été renforcé par le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin Louis Auguste, le 16 mai 1770, dans la chapelle de Versailles. Le jeune marié avait presque seize ans et son épouse, bientôt quinze ans.

Ce fut un grand événement que ce mariage royal, aucune Archiduchesse d’Autriche n’était montée sur le trône de France depuis 1570, année où Charles IX de Valois épousait Elisabeth d’Autriche… Des fêtes somptueuses pourtant vite assombries par un grave accident sur la place Louis XV (aujourd’hui la place de la Concorde) : un magnifique feu d’artifice fut tiré mais quelques pièces d’artifices s’embrasèrent provoquant une grande panique causant la mort de plusieurs centaines de victimes.

Le couple mit sept années avant de pouvoir consommer leur mariage, en 1777… Il a fallu que le propre frère aîné de Marie Antoinette, l’Empereur Joseph II d’Autriche, se déplaça à la Cour de Versailles afin de résoudre leur problème conjugal.

Enfin, la Reine de France tomba rapidement enceinte de son premier enfant qui naquit en décembre 1778 : Marie Thérèse Charlotte, dite Madame Royale.  Très vite, la Reine Marie Antoinette se montra une mère attentive, aimant sincèrement son enfant et essayant de l’élever elle-même.

La Reine mit au monde quatre enfants, entre 1778 et 1786 :

-          1778 : Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale

-          1781 : Louis-Joseph, 1er Dauphin de France qui mourut à 7 ans et demi

-          1785 : Louis-Charles, 2nd Dauphin de France et futur Louis XVII, mort à 10 ans et demi

-          1786 : Sophie-Béatrice qui s’éteignit à onze mois

Après la naissance de son troisième enfant, Louis Charles qui fut titré Duc de Normandie, la Reine Marie Antoinette estima qu’elle a fait son devoir en donnant deux fils et une fille au Royaume de France. Elle eut une vive déception quand elle sut qu’elle était à nouveau enceinte, fin 1785. Sophie Béatrice naquit en juillet 1786 et ne vécut qu’onze mois… Bien qu’elle ne fût pas une enfant désirée, la petite princesse fut sincèrement pleurée par sa mère.

Le contexte déjà difficile de ces années 1785-1787 offre une dimension toute particulière au tableau que la Reine commanda à Mme Vigée-Lebrun. Madame Louis XVI

On voit ici la Reine Marie-Antoinette vêtue d’une robe au tissu épais, d’un beau rouge sombre, brodée d’un galon noir. L’ensemble de sa toilette est simplement éclairé des touches blanches : son fichu noué sur la gorge et ses plumes ornant sa coiffe rouge et blanche. Sa coiffure est simplement tirée derrière sa nuque. La Reine semble être fort pâle et son regard est triste.

Madame Royale, sa fille aînée, est debout à sa droite. La princesse enlace le bras maternel et laisse sa tête se poser sur l’épaule de sa mère. Sa posture suggère l’affection qu’elle éprouve pour sa mère. Sur les genoux de la Reine, est assis le petit Duc de Normandie âgé de deux ans. L’enfant est encore en robe, en raison de son très jeune âge et sa filiation royale est indiquée par le large ruban bleu de l’Ordre du Saint Esprit. Le petit prince est retenu tendrement par sa mère qui l’entoure de ses deux bras. Et enfin, sur la droite du tableau, se trouve le Dauphin de France. Sa physionomie est triste, il nous montre un berceau vide, recouvert d’un tissu très sombre. Dans ce berceau-là, devait se reposer la petite Sophie-Béatrice qui mourut avant l’achèvement du tableau.

Sophie Béatrice de France

L’artiste-peintre, Mme Vigée-Lebrun, a donc effacé le portrait du petit bébé afin de ne pas causer du chagrin à la Reine.  Ainsi le berceau est laissé vide, en symbole du deuil et de la douleur

Essayons de regarder au-delà du tableau… Nous sommes en 1787, époque où la souveraine est déjà discréditée aux yeux de tous, surtout depuis l’Affaire du Collier. Il s’agit d’une escroquerie à propos de l’achat d’un fabuleux collier serti de diamants, réalisée par des personnes assez retorses au point de tromper le Grand Aumônier de France, le Cardinal de Rohan. Cette affaire éclaboussa la Reine Marie Antoinette sur qui les pamphlétaires se défoulèrent : mauvaise Reine, mauvaise épouse, dépensière et frivole. L’opinion publique l’accusa de vider les caisses du Royaume pour ses toilettes, ses bijoux et sa coterie d’amis.

Si la souveraine commanda un nouveau portrait, c’est qu’elle voulait renforcer sa légitimité en tant que Reine de France, en se faisant représenter avec ses enfants. C’est auprès de ses enfants que Marie Antoinette dévoile une facette méconnue de sa personne : bien que frivole, elle aimait profondément ses enfants et se montrait fort attentive à leur éducation. On note la discrétion que la Reine de France usa pour sa toilette sur ce tableau, sa gorge ne porte aucun collier. On remarque à peine des pendentifs d’oreille et un bracelet, ce sont des bijoux simplement constitués de perles, les préférés de la souveraine.

L’atmosphère de ce tableau est assez triste, surtout quand on sait que le jeune Dauphin Louis-Joseph était déjà gravement atteint d’une tuberculose osseuse en 1787. Il ne lui restait que deux années à vivre avant que cette maladie, qui le rendit difforme, l’emporta à l’âge de sept ans et demi. Nous sommes en 1789, le peuple grondait et le couple royal pleurait éperdument la mort de leur fils aîné. Au titre delphinal, succéda le petit Duc de Normandie, Louis-Charles qui expira dans sa prison du Temple sous le nom de Louis XVII.

Avant de clore ce thème, je vous invite à une comparaison avec un autre tableau de la Reine Marie-Antoinette avec ses deux premiers enfants. Ce portrait a été réalisé par Adolf Ulrich Wertmuller en 1785.

Marie Antoinette 1785

C’est un tableau ravissant par la gaieté de ses couleurs et par l’élégance de ses personnages. La souveraine de France y est représentée, se promenant dans son jardin du Petit Trianon. L’accompagnent ses deux premiers enfants : Madame Royale, âgée de sept ans, et le Dauphin Louis Joseph qui a quatre ans. Des tenues légères aux douces tonalités bleues pour les deux enfants et un joli ton rose poudré pour leur mère.

La Reine nous offre une idée de son goût pour la mode : sa toilette est raffinée, avec une profusion de délicates dentelles. Il y a une vraie recherche dans l’harmonie des couleurs qu’elle porte, un rose léger s’alliant parfaitement au gris foncé. La Reine montre également son goût pour les bijoux, l’une de ses mains porte deux grosses bagues et ses poignets sont richement ornés de perles. Et enfin, la coiffure de Marie Antoinette est assez soignée : de larges boucles abondamment poudrées et délicatement relevées en hauteur. Un pouf, orné de plumes et de rubans, couronne la tête royale.

Louis Joseph, Dauphin de France, porte une tenue de petit garçon moderne : il n’est plus en robe longue bien qu’il n’ait pas atteint son septième année. La mode enfantine a également évolué pour laisser aux enfants des tenues adaptées à leur âge. Néanmoins, il porte toujours ce signe distinctif d’un prince de sang royal, ce fameux ruban bleu.

Quant à Madame Royale, elle a relevé le bas de sa robe afin d’y mettre les roses cueillies lors de sa promenade… Des roses qui sont les fleurs préférées de la Reine Marie Antoinette.

L’atmosphère qui se dégage de ce tableau est joyeuse, elle nous offre cette idée de la douceur de vivre en ce XVIIIème siècle. On imagine aisément ce que furent Mousseline et Chou d’Amour pour leur mère aimante, vivant dans un cadre enchanteur et intime tel que le Petit Trianon.

En l’espace de deux brèves années, entre ces deux tableaux, on voit évoluer l’histoire de Marie Antoinette et de ses enfants vers le côté tragique et sombre…

17 janvier 2012

Mère & Fils chez les Bourbons # 4

Autour du jeune Louis XV, Roi depuis l’âge de cinq ans, les enjeux matrimoniaux étaient très importants. En 1721, après une guerre contre l’Espagne à propos de la Quadruple Alliance, il fut décidé de fiancer le jeune Louis XV à sa cousine germaine, Marie–Anne Victoire d’Espagne, comme une garantie de la paix récemment signée. Le fiancé avait onze ans et la petite princesse, à peine trois ans ! Pour lui offrir le plus tôt possible une éducation de future Reine de France, le Roi d’Espagne envoya sa fille à la Cour de Versailles.

Cette « Infante-Reine » comme on l’appelait alors était une  fillette aussi jolie que charmante, qui sut enchanter la Cour de Versailles où elle séjourna, le temps de ses fiançailles.

 

Or Louis XV était de santé délicate et après une inquiétante maladie en février 1725, il fallait le marier au plus vite et surtout avec une princesse qui soit en âge d’enfanter. L’Infante Marie-Anne Victoire avait sept ans et par conséquent, il fallait attendre de longues années avant qu’elle puisse être nubile et donner des enfants. On décida de dresser rapidement une liste des 99 princesses européennes qui soient en âge de se marier. On tomba d’accord pour choisir Marie Leszczynska, âgée de vingt-deux ans.

Les fiançailles de Louis XV avec l’Infante Marie Anne Victoire furent annulées et l’ex-fiancée fut renvoyée dans son pays natal. Les Bourbons d’Espagne eurent cette double humiliation de voir la rupture de ces fiançailles et le renvoi de leur Infante, et tout cela, pour une princesse sans royaume et  presque vieille fille… Cette Infante bafouée finit par devenir Reine de Portugal et elle exerça un temps la Régence de son nouveau pays d’adoption. Mais ceci est une autre histoire…

Ainsi, après un bref laps de temps, Louis XV se retrouva à nouveau fiancé, et cette fois-ci, à une jeune femme de vingt-deux ans : Marie Lesczynska. Cette dernière est  la fille cadette  du Roi détrôné de Pologne. La nouvelle fiancée vivait à Lunéville, ville où se sont réfugiés ses parents après la perte de leur trône polonais. Le choix de la nouvelle Reine de France en étonna plus d’un : si peu princesse car sans royaume, d’obscures origines polonaise, ayant une petite beauté et une dot quasi inexistante…

Les noces eurent lieu le 5 septembre 1725 au Château de Fontainebleau. Bien qu’âgé de quinze ans, Louis XV était déjà un fort beau garçon et il semblait apte à consommer rapidement son union. Ce qui est effectivement le cas puisque le mariage est consommé le soir même.
Les premières années de mariage furent heureuses pour le couple royal. La nouvelle Reine tomba aussitôt amoureuse de son époux qui est pourtant son cadet de 7 ans, et lui-même en est très épris. Très vite, avec l’aide d’un époux très ardent, la Reine Marie se conforta dans sa position de génitrice royale par la régularité quasi parfaite de ses maternités.
De 1727 à 1737, en dix années, la Reine mit au monde dix enfants ! Huit filles et seulement deux garçons dont l’un qui meurt encore très jeune…

-          1727 : Elisabeth & Henriette de France, jumelles appelées Mesdames Première & Seconde

-          1728 : Louise, qui meurt à cinq ans

-          1729 : le Dauphin Louis-Ferdinand

-          1730 : Philippe, Duc d’Anjou, qui mourut avant son 3ème anniversaire

-          1732 : Adélaïde, dite Madame Troisième

-          1733 : Victoire, dite Madame Quatrième

-          1734 : Sophie, dite Madame Cinquième

-          1736 : Thérèse Félicité, dite Madame Sixième, qui mourut à 8 ans

-          1737 : Louise, dite Madame Septième, qui deviendra Carmélite.

La régularité de ces naissances aussi nombreuses que rapprochées peut nous sembler impressionnante, aujourd’hui. Mais pour cette époque, il était assez fréquent qu’une femme accouche d’une bonne dizaine d’enfants, tant qu’elle ne meurt pas avant de ses couches ou d’épuisement. La Reine de France ne sort pas du lot commun à toutes ses contemporaines, surtout que la succession mâle du Roi Louis XV devait être plus qu’assurée. En ce XVIIIème siècle, les enfants mouraient souvent en grand nombre, en raison de leur fragilité naturelle et de la médecine encore peu développée.

La naissance du Dauphin de France, le 4 septembre 1729 était donc l’occasion de brosser un nouveau tableau de la Reine Marie. Ce fut le peintre Alexis Simon Belle qui chargea de représenter la Reine de France avec son fils, Monseigneur Louis-Ferdinand, Dauphin de France.

 Madame Louis XV

 On reconnaît sur ce tableau les insignes de la royauté : l’imposant manteau brodé de fleurs de lys et d’hermine (cette sorte de fourrure blanche soutachée de noir) et enfin, les deux couronnes en arrière-plan. Le Dauphin est toujours reconnaissable par son ruban bleu.

La mode variant au fil des années, la Reine Marie porte une robe typique du début du XVIIIème : une robe coupée dans une belle étoffe dorée, avec des manches entièrement ornées de dentelles et au corsage orné de pierreries précieuses. La chevelure poudrée de la Reine, est simplement relevée avec un fil de perles.  Si la Reine paraît simple dans cette tenue pourtant élégante et moderne, c’est parce qu’elle connaît l’une de ses obligations : se montrer toujours élégante et toujours à la pointe de la mode de la Cour. Et cela, malgré son goût de la discrétion et sa grande piété chrétienne. Enfin, la jeune mère est assise et porte son fils dernier-né sur ses genoux recouverts du grand manteau fleurdelisé. Le lien entre la mère et l’enfant se trouve dans la main de la Reine qui tient la menotte du garçonnet. C’est une image symbolique de l’affection transmise par la mère à son enfant, mais également de la transmission du sang royal. D’ailleurs, cette idée est soulignée par l’emplacement des deux mains : c’est quasiment au centre du tableau.

Quant au poupon royal, il semble assez joufflu, signe que sa santé est florissante. Le peintre a même souligné son double menton, fictif ou non, mais il est certain que le bébé a un bon appétit et par conséquent, qu’il a une bonne santé.

Ce tableau offre une symphonie de couleurs harmonisées, entre le blanc, le bleu et le jaune or. Les teintes utilisées apportent une certaine douceur aux personnes malgré leur statut royal. Tout l’intérêt du tableau se centre essentiellement sur le petit Dauphin de France dont le bonnet bleu et le ruban du Saint Esprit s détachent aisément de l’ensemble. Tout comme le drap fleurdelisé brodé d’or sur un fond bleu, il attire tout de suite le regard sur lui et sur l’enfant qui y est assis dessus. Celui qui observe le tableau comprendra tout de suite qu’il s’agit du futur Roi de France, présenté par sa mère. 

Ce tableau est réalisé dans les années 1729-1730, années durants lesquelles Louis XV commença à se détacher progressivement de cette épouse assez effacée. A vingt-deux ans, Louis XV était déjà père de cinq enfants et facilement mélancolique, il n’aimait pas s’ennuyer… Il finit par succomber aux charmes de celle qui fut la première de ses nombreuses maîtresses : Madame de Mailly.

La différence d’âge entre le Roi et la Reine s’accentuant avec le temps, la régularité des maternités et plus tard, le refus de la Reine d’accueillir le Roi dans son lit dès l’année 1738 séparent définitivement les deux époux.

Ainsi la Reine de France vécut les vingt dernières années de sa vie à Versailles, entourée d’un cercle restreint de courtisans, ses amis les plus fidèles et surtout, entourée de ses enfants. Malgré la désaffection de son époux, la Reine Marie lui resta très attachée et sut supporter la faveur éclatante de la Marquise de Pompadour, maîtresse officielle de Louis XV. Elle eut le soutien affectueux de ses enfants qui désapprouvaient vivement la vie dissolue que menait leur père bien-aimé.

La Reine de France meurt après une longue série de décès dans son entourage : elle vit mourir son petit-fils bien aimé, le Duc de Bourgogne, qui s’éteignit à dix ans, puis son père adoré, le vieillissant Stanislas Leszczynski. Et en 1765, mourut son fils unique âgé de 36 ans, le Dauphin Louis Ferdinand, mort qui fut rapidement suivie par celle de sa seconde épouse, l’intelligente Marie Josèphe de Saxe, qui meurt à 36 ans en 1767. La Reine s’éteignit à l’âge de 65 ans, en juin 1768, à Versailles pendant que son époux s’abandonnait à ses nouveaux amours avec Jeanne Bécu, la future Comtesse du Barry.

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27 décembre 2011

Intermède entre deux Reines de France...

Après le décès de Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV, le titre de Reine de France resta vacant durant 42 ans.

A la mort de son épouse, en juillet 1683, Louis XIV étant nanti d’une bonne descendance mâle. Son fils, Monseigneur le Grand Dauphin, était marié à Marie-Anne Christine de Bavière qui lui a déjà donné un fils : Louis, titré Duc de Bourgogne. Et elle était à nouveau enceinte pour la fin de l’année 1683.

Des enfants issus d’un second mariage risqueraient d’amener d’éventuelles difficultés politiques et successorales. C’est pourquoi Louis XIV choisit de faire un mariage secret avec la Marquise de Maintenon.

Ainsi, ce furent les Dauphines de France qui occupèrent alors les fonctions de Reine à la Cour de Versailles.

D’abord, la triste et laide Marie Anne de Bavière, la bru de Louis XIV, de 1683 à 1690.

477px-Duchess_Maria_Anna_Christina_Victoria_of_Bavaria,_'la_Grande_Dauphine'_

Elle mourut à trente ans après ses troisièmes couches. Elle avait donné trois garçons au Royaume de France :

-          Louis, Duc de Bourgogne

-          Philippe, Duc d’Anjou et futur Roi d’Espagne

-          Charles, Duc de Berry

Puis ce fut l’épouse du Duc de Bourgogne, Marie Adélaïde de Savoie, qui occupa le premier rang féminin de la Cour, entre 1697 et 1712. Gaie et espiègle, la Duchesse de Bourgogne fut très aimée à la Cour de Versailles qu’elle illuminait de sa jeunesse. Elle meurt à 27 ans d’une rougeole, après avoir mis au monde trois fils.

Duchesse de Bourgogne

La mort prématurée de ces princesses et des jeunes Fils de France firent de Louis XIV vieillissant, un monarque tourmenté et triste.
Quand Louis XIV meurt le 1er Septembre 1715, le nouveau Roi de France était son arrière petit-fils, Louis XV, âgé de cinq ans à peine. Ce petit garçon était le troisième fils du Duc & de la Duchesse de Bourgogne. La rougeole avait emporté ses parents et son second frère, il se retrouvait orphelin très jeune. La Régence fut alors accordée au neveu de Louis XIV, le Duc d’Orléans qui scandalisait la haute société par ses mœurs libertines et ses fameux soupers tournant à l’orgie…

Ce n’est que le 5 septembre 1725 que la France a une nouvelle Reine, en la personne de Marie Lesczynska, princesse polonaise que Louis XV épousa

27 décembre 2011

Mère & Fils chez les Bourbons # 3

Le 9 juin 1660, le souverain français, Louis XIV, épousa l’Infante d’Espagne, Marie Thérèse d’Autriche. Cette union politique scella le Traité des Pyrénées, mettant fin à l’interminable guerre entre l’Espagne et la France. La paix obtenue après d’âpres négociations est l’œuvre du Cardinal de Mazarin, un fin diplomate.

En ce milieu du XVIIème siècle, en 1660, ce nouveau mariage franco-espagnol semblait être prometteur. Le jeune époux avait 22 ans et il était le plus joli prince d’Europe qui soit encore célibataire. De plus, il affichait déjà son goût pour le faste et pour les plaisirs de la vie.
Quant à la jeune épousée, Marie Thérèse, elle avait aussi 22 ans et descendait à la fois de la lignée des Habsbourg et des Bourbons.  

Si Marie-Thérèse ouvrit grand ses yeux bleus devant la magnificence de la Cour de France, c’est qu’elle venait de sortir du carcan étroit de l’austère Cour de Madrid. Marie-Thérèse eût une enfance assez rigide, marquée par les nombreux décès de ses jeunes frères et sœurs. Avant de mourir, sa mère, Elisabeth de France devenue Reine d’Espagne, lui donna une éducation stricte et religieuse.

Parce que l’on n’a pas préparé Marie-Thérèse à son futur métier de Reine, elle ne connaissait que les traditions et la langue de son pays natal et eût de grosses difficultés à s’adapter à la vie mondaine et politique de la Cour de France. Au moment de son mariage, la nouvelle Reine de France ne connaissait pas un seul mot de français !

Très vite, Marie Thérèse déçut son entourage français dont son propre époux et sa belle-mère, Anne d’Autriche. N’ayant ni esprit ni goût artistique, Marie Thérèse fut jugée sotte et délaissée.

Néanmoins elle réussit à faire rapidement ce qui consistait son principal devoir : la mise au monde des six enfants légitimes de Louis XIV. Le 1er novembre 1661, naissait le premier de ses enfants : Louis, le Grand Dauphin.  

Consciente de son rang royal et de ses devoirs religieux, Marie-Thérèse sut également se tenir auprès de son époux, dans la représentation politique de leur couple. Ainsi, la Reine de France posa pour de nombreux portraits dont le plus magnifique est sans doute celui où elle est accompagnée de son fils aîné.

Madame Louis XIV

Ce tableau attribué à Charles Beaubrun, fut réalisé en 1665.

Il s’agit d’un tableau dit « de représentation » car il y a ici des personnes de haut rang, mais également d’autres éléments caractéristiques du portrait officiel tels que l’arrière-plan et le style vestimentaire.

L’arrière-plan du tableau nous offre la vision d’un paysage vallonné sous un ciel nuageux. Et nous notons également la présence imposante des colonnes et d’une grande draperie au dessus de la Reine Marie Thérèse.

Les couleurs chatoyantes des vêtements dont ce rouge assez vif sont caractéristiques du règne de Louis XIV. Ces teintes vives sont encore aujourd’hui associées au Grand Siècle, époque où la mode était aux rubans, aux plumes et à l’extravagance.

Ici la Reine Marie-Thérèse porte une robe de cour, reconnaissable par sa forme et la richesse de ses tissus. La tenue de la Reine se compose d’un manteau avec une longue traîne qui est attaché aux épaules et d’une robe qui s’ouvre sur une jupe très ornementée. Cette robe, incrustée de pierreries, est garnie de grandes dentelles que l’on devine sur la partie inférieure du corps. Cette robe s’ouvre sur une jupe dont les motifs sont richement brodés d’or et de pierres précieuses. Le rouge qui est une couleur royale, occupe une place importante dans la tenue de la souveraine.

La reine est coiffée d’une sorte de casaque aux plumes rouges et noires. Et elle tient dans sa main gantée un masque noir. La somptuosité de la robe, l’imposante coiffure et enfin le masque lui-même indiquent sans peine qu’il s’agit d’une tenue d’apparat et que la Reine est ici dans son devoir de représentation.

Son fils, Monseigneur le Dauphin, est vêtu d’une longue robe, tenue habituelle des petits garçons de moins de sept ans. Mais cette fois-ci, il est également en représentation car il porte une coiffe assez imposante avec des plumes rouges et une épée en miniature.

Derrière cette image officielle de l’épouse de Louis XIV, il y a aussi l’image de la femme trompée par un époux assez volage. Aimant les femmes de grande beauté et dotées d’esprit, Louis XIV se lassa de cette épouse assez docile et entama rapidement de nouvelles liaisons amoureuses avec des dames de sa Cour… Dépassée par une Cour de France aussi intrigante qu’impitoyable, Marie-Thérèse préféra s’effacer et rester à l’abri des regards. Elle meurt brusquement le 30 juillet 1683 à Versailles, à l’âge de 45 ans, des suites d’une tumeur bénigne mal soignée. Ses derniers mots furent : « Depuis que je suis reine, je n’ai eu qu’un seul jour heureux ». De cette épouse décédée, Louis XIV dit : « C’est le premier chagrin qu’elle me cause ».

Marie-Thérèse vit mourir cinq de ses six enfants. Doublement cousins germains par leurs parents, Louis XIV et Marie-Thérèse apportèrent à leurs enfants une forte consanguinité, cause de leur décès prématuré.

  • Louis, Grand Dauphin (1er novembre 1661-14 avril 1711)
  • Anne-Élisabeth (18 novembre-30 décembre 1662) décédée à 1 mois et 12jours
  • Marie-Anne (16 novembre-26 décembre 1664) décédée à 1 mois et 10 jours
  •  Marie-Thérèse, la Petite Madame (2 janvier 1667-1er mars 1672) décédée à l âge de 5ans
  •  Philippe (5 août 1668-10 juillet 1671) décédé à 3ans
  • Louis-François (14 juin-4 novembre 1672) décédé à 5 mois

 

2 décembre 2011

Mère & Fils chez les Bourbons # 2

Veuve d’Henri IV et mère de Louis XIII, Marie de Médicis gouverna la France sous la minorité de son fils. Rapidement, sa politique devint favorable à l’Espagne et le rapprochement franco-espagnol se concrétisa par un double mariage en 1615. La princesse Elisabeth de France, sœur de Louis XIII, épousa l’infant d’Espagne, le futur Philippe IV. Et le Roi Louis XIII épousa l’Infante Anne d’Autriche, elle-même sœur du futur Philippe IV.

Cette union entre le Roi de France et l’Infante d’Espagne était un mariage purement politique, les mariés étaient âgés de 14 ans à peine. Pour éviter toute annulation, on contraignit le jeune Louis XIII à consommer immédiatement son mariage. La nuit des noces fut un fiasco total pour ces deux adolescents aussi timides qu’inexpérimentés. Le jeune époux en ressentit une profonde humiliation et ne voulut plus partager le lit conjugal durant les quatre années suivantes.

Malgré un rapprochement conjugal et quelques espoirs de grossesses vite déçus, le couple royal resta stérile durant vingt-deux années. La Reine Anne, si vive et si jolie, vécut longtemps dans la crainte permanente d’une répudiation, faute de n’avoir pu enfanter. Malgré cette mésentente conjugale et la misogynie du souverain, la pression était si forte qu’au point que Louis XIII décida enfin de se rapprocher de son épouse en cette fin du mois de Novembre 1637. Le mois suivant, la Reine Anne est enfin de nouveau enceinte à 36 ans. Cette espérance ne fut confirmée officiellement qu’en février 1638 et l’enfant naquit le 5 septembre 1638.

C’est Louis Dieudonné ainsi prénommé car sa venue était quasiment inespérée d’où cette appellation de « l’enfant du miracle ». Deux ans plus tard, en septembre 1640, naquit un second fils : Philippe, Duc d’Anjou et futur Duc d’Orléans.

Ces deux maternités tardives transformèrent la Reine Anne. De la  jeune et frivole Reine de France, il n’en resta plus que le souvenir. Dorénavant, Anne d’Autriche devint plus française qu’espagnole, se vouant entièrement à ses enfants et bientôt, aux affaires du Royaume.

L’enfance de Louis XIV revêtit un caractère exceptionnel en ce XVIIème siècle : il eût une enfance assez heureuse avec une mère aussi tendre que très présente. Le futur Louis XIV et son frère Philippe passaient effectivement beaucoup de temps avec leur mère et développaient ainsi une grande affection pour elle. C’était une relation maternelle et filiale qui passait pour être assez originale aux yeux de leurs contemporains.

Anne d'Autriche

Ce tableau d’un peintre anonyme fait ressortir cette relation particulière entre la mère et le fils. Quand la Reine de France se représenta avec son fils, elle voulait sans doute souligner la tendresse et l’adoration mutuelle qui les lient.

Nous devons être entre 1639 et 1640, la Reine Anne est représentée assise et donnant sa main à son fils, le Dauphin de France, qui se tient debout sur une table. Ce petit garçon semble jouer avec la main de sa mère. Ici encore, le Dauphin porte une robe et on reconnaît aussi le ruban bleu de l’Ordre du Saint Esprit. Durant ces années-là, les dentelles étaient très à la mode, c’est pourquoi le Dauphin porte également un grand col et un tablier blanc ornés de dentelles. Quant à sa mère, elle est vêtue d’une robe de belle étoffe brodée et bien que ses bijoux soient assez discrets, on devine quand même une certaine majesté dans son maintien.

La posture de la Reine répond au titre du tableau : « Anne d’Autriche présentant son fils, le Dauphin de France ». La Reine est en position assise, cela met en valeur son fils et la main qu’elle lui offre suggère aussi l’idée de la présentation officielle : « Voici mon fils, l’héritier du Royaume de France » semble-t-elle penser.

De plus, on peut noter que le Dauphin est représenté avec la tête plus haute que celle de sa mère. Cela suggère que la Reine veut souligner l’importance de son fils et si elle est assise, c’est pour qu’on puisse mieux le voir. Il y a ici un tendre respect maternel envers le futur Roi de France.

Enfin, nous remarquons un dernier détail : les regards sont adressés l’un vers l’autre. Cela renforce l’idée d’une affection mutuelle plus forte que la dimension politique du tableau.

Madame Louis XIII ZOOM

Cet amour maternel teinté de respect s’exprima une nouvelle fois, au moment où Petit Louis devint Roi à l’âge de quatre ans et demi, le 14 mai 1643. Après que son époux Louis XIII eût expiré, la Reine courut rejoindre son fils pour lui annoncer le changement et s’agenouillant devant lui, elle prononça ces mots suivants : « mon Roi et mon fils ».

En raison du très jeune âge de l’enfant roi, Anne d’Autriche fut nommée Régente de France et prit les rênes du pouvoir avec l’appui du Cardinal Mazarin.

Malgré la forte instabilité politique de la France durant de nombreuses années, Anne d’Autriche sut conserver le trône pour  son fils, Louis XIV. Les difficultés vécues durant la Fronde et les rivalités entre les puissants nobles soudèrent encore plus la mère et le fils. Ainsi Louis XIV vouait une dévotion éternelle à sa mère et à son parrain, le Cardinal de Mazarin car ils avaient su garder son trône.

En 1661, lors de la mort de Mazarin, Louis XIV prit totalement le pouvoir et Anne d’Autriche lui laissa alors l’entière responsabilité des affaires du Royaume. N’ayant pas le goût de la politique ni du pouvoir, la Reine-mère sut se retirer au bon moment au contraire de sa belle-mère, l’autoritaire Marie de Médicis.

Quand Anne d’Autriche s’éteignit le 20 janvier 1666, Louis XIV lui fit un bel éloge funèbre « La reine-mère n’était pas seulement la plus grande des reines, mais le plus grand des rois. »

29 novembre 2011

Mère & Fils chez les Bourbons # 1

A travers les siècles, l’union d’un couple royal était uniquement basée sur le devoir de la procréation dynastique. Si des mariages royaux avaient été dictés par la politique, scellant des traités de paix entre deux pays en conflit, la première obligation du couple royal était de faire des enfants.

Ainsi le premier devoir d’une Reine, souvent très jeune et étrangère, consistait effectivement à porter et à mettre au monde des enfants. On le devine aisément dans ces différents tableaux illustrant la dynastie des Bourbons, entre 1603 et 1788.

A cette époque-là, le portrait était très en vogue car il s’agissait d’un excellent outil de communication et de mémoire aussi. Pour les Rois, cela permettait aussi de faire développer l’image de la monarchie, à faire transmettre un message aussi symbolique que politique. Il s’agissait alors de faire la « propagande » de la monarchie, de légitimer la démarche du souverain.

Pour cette idée de légitimité, toutes les Reines de la dynastie des Bourbons ont posé avec leurs fils. Leurs maternités renforçaient effectivement leur statut de Reine puisque ces princesses avaient donné des héritiers au trône des Lys. Ces enfants-là étaient les symboles vivants de la continuité de la monarchie, de la survivance du sang royal au-delà de la mort.

C’est Henri de Bourbon, Roi de Navarre, qui créa la dynastie des Bourbons qui régnèrent sur la France. Après la mort de son cousin Henri III, le dernier des Valois, Henri de Navarre hérita du Royaume de France et devint alors Henri le Quatrième.

Après un premier mariage stérile avec Marguerite de Valois, Henri IV épousa Marie de Médicis en 1600. En moins de dix ans de mariage, cette princesse italienne lui donna six enfants.

  • Louis XIII, Roi de France (1601-1643)
  • Elisabeth, Reine d’Espagne (1602-1644)
  • Christine, Duchesse de Savoie (1604-1663)
  •  ?, Duc d’Orléans (1607-1611)
  • Gaston, Duc d’Orléans (1608-1660)
  • Henriette, Reine d’Angleterre (1609-1669)

Ainsi Marie de Médicis, cette plantureuse et capricieuse Reine, se fit représenter avec son fils premier-né, le futur Louis XIII.

Madame Henri IV - 1603

Nous sommes en 1603, la Reine de France est représentée dans une belle robe noire, mettant en valeur son teint blanc et  ses magnifiques bijoux.

On reconnaît le petit Dauphin de France grâce à son ruban bleu, celui du l’Ordre du Saint Esprit. Il s’agit du plus prestigieux ordre de chevalerie sous la monarchie française, uniquement réservé aux hommes de sang noble, ayant plus de 35 ans. Seuls les fils de France le recevaient dès leur baptême.

A cette époque, les garçons portaient des robes jusqu’à l’âge de sept ans. Leur septième anniversaire était une étape importante car ils quittaient définitivement l’entourage maternel pour commencer leur apprentissage, leur éducation.  C’est pourquoi le Dauphin, âgé de deux ans, est ici représenté avec sa mère.

Madame Henri IV - 1603 - ZOOM

 

Il y a un symbole très fort dans cette image de la main de la Reine Marie, posée sur la tête de son fils. L’attitude de la Reine dénote une domination de la mère sur l’enfant. C’est encore plus significatif quand on sait qu’en cette année 1603, Henri IV a 50 ans, Marie de Médicis en a 28 et le garçonnet, à peine 3 ans.

L’âge du Roi est déjà avancé pour cette époque et l’imminence d’une nouvelle guerre contre les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne font qu’il apparaît clairement à tout le monde que la Reine Marie deviendrait Régente, gouvernant le Royaume de France sous la minorité de son fils, le futur Louis XIII.

C’est donc une représentation très politique que ce tableau d’une mère avec son très jeune enfant.
La paix très fragile dans une Europe déjà meurtrie par de nombreuses guerres et la vieillesse du Roi Henri IV sont effectivement inquiétantes. C’est une sorte de message de stabilité et d’espoir qu’offre ce tableau de Marie de Médicis et de son fils, le Dauphin de France. La pérennité de la monarchie française est assurée : la Reine avait enfanté d’un enfant parfaitement viable et de sexe masculin, écartant ainsi toute difficulté de succession. Et surtout, cette jeune mère est prête à gouverner le Royaume quand son époux décédera. Elle a une attitude dominatrice, l’enfant est sous son joug. Le Dauphin pose une petite main sur la jupe de sa mère, cela sous-entend qu’il se remet entièrement à elle, pour toutes les décisions qu’elle prendra.

Enfin, ce qui se passa ensuite confirme cette impression de domination et d'autorité : Henri IV meurt assassiné le 14 mai 1610 et Marie de Médicis devint Régente. Leur fils, Louis XIII, n'avait que 9 ans et était encore trop jeune pour régner.
Entre cette mère, autoritaire et peu maternelle, et ce fils ombrageux, les relations furent difficiles. Et Marie de Médicis meurt en 1642, exilée depuis longtemps de la France suite à la décision de son fils aîné.

16 novembre 2011

Portrait de Femme # 3

Cette année, c’est le 218ème anniversaire de la mort de la Reine Marie-Antoinette…

Le 16 Octobre 1793,  Marie Antoinette connut une fin tragique sur la guillotine de la Place de la Révolution, à Paris.

Pour cette date anniversaire, voici l’un des plus beaux portraits de cette Reine.

 Zoom MA

Ce tableau-ci a une histoire intéressante car il est né d’un autre tableau, aujourd’hui disparu !

En 1783, la société française prend goût à un nouveau style de vie : un retour au naturel. Influence des Philosophes des Lumières ou non, la campagne est devenue à la mode. Les dames de la Cour adoptent peu à peu cette mode, délaissant le lourd maquillage, les corsets et les hautes coiffures extravagantes.

Bien sûr, à cette époque-là, la Reine de France est une femme moderne, aimant les jeux et les différents plaisirs de la vie et elle possède un goût vestimentaire très sûr.

Marie-Antoinette, puisqu’il s’agit bien d’elle, pose devant Elisabeth Vigée Le Brun qui la peint dans un portrait intimiste… Tableau intime car la Reine, d’une attitude pleine de dignité, est vêtue d’une très simple robe de mousseline dite « la chemise en gaulle » et elle est coiffée d’un chapeau de paille. Ce tableau la montre en train de composer un bouquet de roses.

MA en chemise à la gaulle

 Malheureusement ce tableau choqua la haute société française et acheva de discréditer la Reine aux yeux de ses contemporains… Une Reine de France ne doit pas être représentée dans une robe de voile, trop légère et surtout, trop déplacée. Cette robe et ce chapeau ne sont pas adaptés au statut d’une Reine même si elle souhaitait être représentée dans son intimité, cela ne se fait pas avec des tenues aussi simples que cette « chemise à la gaulle ».

Le tableau incriminé est alors détruit, seules cinq copies sont conservées. Mme Vigée Le Brun s’empressa de refaire un nouveau portrait de la Reine… Il s’agit donc de « Marie Antoinette à la Rose », devenu le plus célèbre des portraits de Marie-Antoinette.

MA à la Rose 1783

Dans ce nouveau portrait de la Reine, Elisabeth Vigée – Le Brun peint Marie-Antoinette dans la même posture, ses mains occupées à composer un bouquet de roses. Mais cette fois-ci, la Reine porte une éblouissante robe de cour, d’un bleu-gris, ornée de belles dentelles… La robe bien coupée et de belle étoffe est indéniablement français, correspondant exactement à la représentation de la Reine de France, icône de la mode française en ces années 1780.

En outre, le décor champêtre derrière la Reine laisse penser qu’il s’agit des jardins du Trianon, le domaine si cher au cœur de Marie-Antoinette.

Enfin, on constate que la Reine, sur ces deux tableaux, tient une rose dans ses mains. Il s’agit de sa fleur préférée qui a une signification assez forte. La rose est souvent décrite comme fort belle, pleine de grâce et de noblesse… Tout comme la Reine de France qui descend de la prestigieuse lignée des Habsbourg d’Autriche et d’Espagne et dont le visage est empreint d’une beauté majestueuse malgré les traits assez lourds.

Zoom à la Rose

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