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La Marquise et son Boudoir...
17 janvier 2012

Mère & Fils chez les Bourbons # 4

Autour du jeune Louis XV, Roi depuis l’âge de cinq ans, les enjeux matrimoniaux étaient très importants. En 1721, après une guerre contre l’Espagne à propos de la Quadruple Alliance, il fut décidé de fiancer le jeune Louis XV à sa cousine germaine, Marie–Anne Victoire d’Espagne, comme une garantie de la paix récemment signée. Le fiancé avait onze ans et la petite princesse, à peine trois ans ! Pour lui offrir le plus tôt possible une éducation de future Reine de France, le Roi d’Espagne envoya sa fille à la Cour de Versailles.

Cette « Infante-Reine » comme on l’appelait alors était une  fillette aussi jolie que charmante, qui sut enchanter la Cour de Versailles où elle séjourna, le temps de ses fiançailles.

 

Or Louis XV était de santé délicate et après une inquiétante maladie en février 1725, il fallait le marier au plus vite et surtout avec une princesse qui soit en âge d’enfanter. L’Infante Marie-Anne Victoire avait sept ans et par conséquent, il fallait attendre de longues années avant qu’elle puisse être nubile et donner des enfants. On décida de dresser rapidement une liste des 99 princesses européennes qui soient en âge de se marier. On tomba d’accord pour choisir Marie Leszczynska, âgée de vingt-deux ans.

Les fiançailles de Louis XV avec l’Infante Marie Anne Victoire furent annulées et l’ex-fiancée fut renvoyée dans son pays natal. Les Bourbons d’Espagne eurent cette double humiliation de voir la rupture de ces fiançailles et le renvoi de leur Infante, et tout cela, pour une princesse sans royaume et  presque vieille fille… Cette Infante bafouée finit par devenir Reine de Portugal et elle exerça un temps la Régence de son nouveau pays d’adoption. Mais ceci est une autre histoire…

Ainsi, après un bref laps de temps, Louis XV se retrouva à nouveau fiancé, et cette fois-ci, à une jeune femme de vingt-deux ans : Marie Lesczynska. Cette dernière est  la fille cadette  du Roi détrôné de Pologne. La nouvelle fiancée vivait à Lunéville, ville où se sont réfugiés ses parents après la perte de leur trône polonais. Le choix de la nouvelle Reine de France en étonna plus d’un : si peu princesse car sans royaume, d’obscures origines polonaise, ayant une petite beauté et une dot quasi inexistante…

Les noces eurent lieu le 5 septembre 1725 au Château de Fontainebleau. Bien qu’âgé de quinze ans, Louis XV était déjà un fort beau garçon et il semblait apte à consommer rapidement son union. Ce qui est effectivement le cas puisque le mariage est consommé le soir même.
Les premières années de mariage furent heureuses pour le couple royal. La nouvelle Reine tomba aussitôt amoureuse de son époux qui est pourtant son cadet de 7 ans, et lui-même en est très épris. Très vite, avec l’aide d’un époux très ardent, la Reine Marie se conforta dans sa position de génitrice royale par la régularité quasi parfaite de ses maternités.
De 1727 à 1737, en dix années, la Reine mit au monde dix enfants ! Huit filles et seulement deux garçons dont l’un qui meurt encore très jeune…

-          1727 : Elisabeth & Henriette de France, jumelles appelées Mesdames Première & Seconde

-          1728 : Louise, qui meurt à cinq ans

-          1729 : le Dauphin Louis-Ferdinand

-          1730 : Philippe, Duc d’Anjou, qui mourut avant son 3ème anniversaire

-          1732 : Adélaïde, dite Madame Troisième

-          1733 : Victoire, dite Madame Quatrième

-          1734 : Sophie, dite Madame Cinquième

-          1736 : Thérèse Félicité, dite Madame Sixième, qui mourut à 8 ans

-          1737 : Louise, dite Madame Septième, qui deviendra Carmélite.

La régularité de ces naissances aussi nombreuses que rapprochées peut nous sembler impressionnante, aujourd’hui. Mais pour cette époque, il était assez fréquent qu’une femme accouche d’une bonne dizaine d’enfants, tant qu’elle ne meurt pas avant de ses couches ou d’épuisement. La Reine de France ne sort pas du lot commun à toutes ses contemporaines, surtout que la succession mâle du Roi Louis XV devait être plus qu’assurée. En ce XVIIIème siècle, les enfants mouraient souvent en grand nombre, en raison de leur fragilité naturelle et de la médecine encore peu développée.

La naissance du Dauphin de France, le 4 septembre 1729 était donc l’occasion de brosser un nouveau tableau de la Reine Marie. Ce fut le peintre Alexis Simon Belle qui chargea de représenter la Reine de France avec son fils, Monseigneur Louis-Ferdinand, Dauphin de France.

 Madame Louis XV

 On reconnaît sur ce tableau les insignes de la royauté : l’imposant manteau brodé de fleurs de lys et d’hermine (cette sorte de fourrure blanche soutachée de noir) et enfin, les deux couronnes en arrière-plan. Le Dauphin est toujours reconnaissable par son ruban bleu.

La mode variant au fil des années, la Reine Marie porte une robe typique du début du XVIIIème : une robe coupée dans une belle étoffe dorée, avec des manches entièrement ornées de dentelles et au corsage orné de pierreries précieuses. La chevelure poudrée de la Reine, est simplement relevée avec un fil de perles.  Si la Reine paraît simple dans cette tenue pourtant élégante et moderne, c’est parce qu’elle connaît l’une de ses obligations : se montrer toujours élégante et toujours à la pointe de la mode de la Cour. Et cela, malgré son goût de la discrétion et sa grande piété chrétienne. Enfin, la jeune mère est assise et porte son fils dernier-né sur ses genoux recouverts du grand manteau fleurdelisé. Le lien entre la mère et l’enfant se trouve dans la main de la Reine qui tient la menotte du garçonnet. C’est une image symbolique de l’affection transmise par la mère à son enfant, mais également de la transmission du sang royal. D’ailleurs, cette idée est soulignée par l’emplacement des deux mains : c’est quasiment au centre du tableau.

Quant au poupon royal, il semble assez joufflu, signe que sa santé est florissante. Le peintre a même souligné son double menton, fictif ou non, mais il est certain que le bébé a un bon appétit et par conséquent, qu’il a une bonne santé.

Ce tableau offre une symphonie de couleurs harmonisées, entre le blanc, le bleu et le jaune or. Les teintes utilisées apportent une certaine douceur aux personnes malgré leur statut royal. Tout l’intérêt du tableau se centre essentiellement sur le petit Dauphin de France dont le bonnet bleu et le ruban du Saint Esprit s détachent aisément de l’ensemble. Tout comme le drap fleurdelisé brodé d’or sur un fond bleu, il attire tout de suite le regard sur lui et sur l’enfant qui y est assis dessus. Celui qui observe le tableau comprendra tout de suite qu’il s’agit du futur Roi de France, présenté par sa mère. 

Ce tableau est réalisé dans les années 1729-1730, années durants lesquelles Louis XV commença à se détacher progressivement de cette épouse assez effacée. A vingt-deux ans, Louis XV était déjà père de cinq enfants et facilement mélancolique, il n’aimait pas s’ennuyer… Il finit par succomber aux charmes de celle qui fut la première de ses nombreuses maîtresses : Madame de Mailly.

La différence d’âge entre le Roi et la Reine s’accentuant avec le temps, la régularité des maternités et plus tard, le refus de la Reine d’accueillir le Roi dans son lit dès l’année 1738 séparent définitivement les deux époux.

Ainsi la Reine de France vécut les vingt dernières années de sa vie à Versailles, entourée d’un cercle restreint de courtisans, ses amis les plus fidèles et surtout, entourée de ses enfants. Malgré la désaffection de son époux, la Reine Marie lui resta très attachée et sut supporter la faveur éclatante de la Marquise de Pompadour, maîtresse officielle de Louis XV. Elle eut le soutien affectueux de ses enfants qui désapprouvaient vivement la vie dissolue que menait leur père bien-aimé.

La Reine de France meurt après une longue série de décès dans son entourage : elle vit mourir son petit-fils bien aimé, le Duc de Bourgogne, qui s’éteignit à dix ans, puis son père adoré, le vieillissant Stanislas Leszczynski. Et en 1765, mourut son fils unique âgé de 36 ans, le Dauphin Louis Ferdinand, mort qui fut rapidement suivie par celle de sa seconde épouse, l’intelligente Marie Josèphe de Saxe, qui meurt à 36 ans en 1767. La Reine s’éteignit à l’âge de 65 ans, en juin 1768, à Versailles pendant que son époux s’abandonnait à ses nouveaux amours avec Jeanne Bécu, la future Comtesse du Barry.

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  • Des robes à paniers, des jolies dentelles et des perruques blanches, vous en trouverez à foison ici ! C'est une curieuse passionnée d'Histoire qui essaie de vous faire découvrir sa marotte...
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