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La Marquise et son Boudoir...
20 janvier 2012

Mère & Fils chez les Bourbons # 5

Nous voilà arrivés au dernier sujet d’étude sur le thème de « Mère et Fils chez les Bourbons » avec la Reine Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI.

Le destin tragique de Marie-Antoinette, Archiduchesse d’Autriche, fut scellé le 19 avril 1770 lorsqu’elle fut donnée, par procuration, en mariage au Dauphin de France, Louis Auguste de Bourbon.

Les seize enfants de la puissante Impératrice Marie-Thérèse d’Autriche étaient destinés à être au service de la politique diplomatique de l’Autriche. C’est-à-dire que ces Archiducs et ces Archiduchesses d’Autriche allaient faire des mariages purement diplomatiques dans le but de réconcilier l’Autriche avec ses voisins rivaux.

Tel est le cas de la jeune Archiduchesse d’Autriche, Marie Antoinette, qui fut alors promise au Dauphin de France, le petit-fils de Louis XV. Après de longues décennies de luttes et de guerres, la France et l’Autriche se sont enfin rapprochées afin de lutter contre la montée en puissance de la Prusse et de l’Angleterre. Ce rapprochement diplomatique a été renforcé par le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin Louis Auguste, le 16 mai 1770, dans la chapelle de Versailles. Le jeune marié avait presque seize ans et son épouse, bientôt quinze ans.

Ce fut un grand événement que ce mariage royal, aucune Archiduchesse d’Autriche n’était montée sur le trône de France depuis 1570, année où Charles IX de Valois épousait Elisabeth d’Autriche… Des fêtes somptueuses pourtant vite assombries par un grave accident sur la place Louis XV (aujourd’hui la place de la Concorde) : un magnifique feu d’artifice fut tiré mais quelques pièces d’artifices s’embrasèrent provoquant une grande panique causant la mort de plusieurs centaines de victimes.

Le couple mit sept années avant de pouvoir consommer leur mariage, en 1777… Il a fallu que le propre frère aîné de Marie Antoinette, l’Empereur Joseph II d’Autriche, se déplaça à la Cour de Versailles afin de résoudre leur problème conjugal.

Enfin, la Reine de France tomba rapidement enceinte de son premier enfant qui naquit en décembre 1778 : Marie Thérèse Charlotte, dite Madame Royale.  Très vite, la Reine Marie Antoinette se montra une mère attentive, aimant sincèrement son enfant et essayant de l’élever elle-même.

La Reine mit au monde quatre enfants, entre 1778 et 1786 :

-          1778 : Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale

-          1781 : Louis-Joseph, 1er Dauphin de France qui mourut à 7 ans et demi

-          1785 : Louis-Charles, 2nd Dauphin de France et futur Louis XVII, mort à 10 ans et demi

-          1786 : Sophie-Béatrice qui s’éteignit à onze mois

Après la naissance de son troisième enfant, Louis Charles qui fut titré Duc de Normandie, la Reine Marie Antoinette estima qu’elle a fait son devoir en donnant deux fils et une fille au Royaume de France. Elle eut une vive déception quand elle sut qu’elle était à nouveau enceinte, fin 1785. Sophie Béatrice naquit en juillet 1786 et ne vécut qu’onze mois… Bien qu’elle ne fût pas une enfant désirée, la petite princesse fut sincèrement pleurée par sa mère.

Le contexte déjà difficile de ces années 1785-1787 offre une dimension toute particulière au tableau que la Reine commanda à Mme Vigée-Lebrun. Madame Louis XVI

On voit ici la Reine Marie-Antoinette vêtue d’une robe au tissu épais, d’un beau rouge sombre, brodée d’un galon noir. L’ensemble de sa toilette est simplement éclairé des touches blanches : son fichu noué sur la gorge et ses plumes ornant sa coiffe rouge et blanche. Sa coiffure est simplement tirée derrière sa nuque. La Reine semble être fort pâle et son regard est triste.

Madame Royale, sa fille aînée, est debout à sa droite. La princesse enlace le bras maternel et laisse sa tête se poser sur l’épaule de sa mère. Sa posture suggère l’affection qu’elle éprouve pour sa mère. Sur les genoux de la Reine, est assis le petit Duc de Normandie âgé de deux ans. L’enfant est encore en robe, en raison de son très jeune âge et sa filiation royale est indiquée par le large ruban bleu de l’Ordre du Saint Esprit. Le petit prince est retenu tendrement par sa mère qui l’entoure de ses deux bras. Et enfin, sur la droite du tableau, se trouve le Dauphin de France. Sa physionomie est triste, il nous montre un berceau vide, recouvert d’un tissu très sombre. Dans ce berceau-là, devait se reposer la petite Sophie-Béatrice qui mourut avant l’achèvement du tableau.

Sophie Béatrice de France

L’artiste-peintre, Mme Vigée-Lebrun, a donc effacé le portrait du petit bébé afin de ne pas causer du chagrin à la Reine.  Ainsi le berceau est laissé vide, en symbole du deuil et de la douleur

Essayons de regarder au-delà du tableau… Nous sommes en 1787, époque où la souveraine est déjà discréditée aux yeux de tous, surtout depuis l’Affaire du Collier. Il s’agit d’une escroquerie à propos de l’achat d’un fabuleux collier serti de diamants, réalisée par des personnes assez retorses au point de tromper le Grand Aumônier de France, le Cardinal de Rohan. Cette affaire éclaboussa la Reine Marie Antoinette sur qui les pamphlétaires se défoulèrent : mauvaise Reine, mauvaise épouse, dépensière et frivole. L’opinion publique l’accusa de vider les caisses du Royaume pour ses toilettes, ses bijoux et sa coterie d’amis.

Si la souveraine commanda un nouveau portrait, c’est qu’elle voulait renforcer sa légitimité en tant que Reine de France, en se faisant représenter avec ses enfants. C’est auprès de ses enfants que Marie Antoinette dévoile une facette méconnue de sa personne : bien que frivole, elle aimait profondément ses enfants et se montrait fort attentive à leur éducation. On note la discrétion que la Reine de France usa pour sa toilette sur ce tableau, sa gorge ne porte aucun collier. On remarque à peine des pendentifs d’oreille et un bracelet, ce sont des bijoux simplement constitués de perles, les préférés de la souveraine.

L’atmosphère de ce tableau est assez triste, surtout quand on sait que le jeune Dauphin Louis-Joseph était déjà gravement atteint d’une tuberculose osseuse en 1787. Il ne lui restait que deux années à vivre avant que cette maladie, qui le rendit difforme, l’emporta à l’âge de sept ans et demi. Nous sommes en 1789, le peuple grondait et le couple royal pleurait éperdument la mort de leur fils aîné. Au titre delphinal, succéda le petit Duc de Normandie, Louis-Charles qui expira dans sa prison du Temple sous le nom de Louis XVII.

Avant de clore ce thème, je vous invite à une comparaison avec un autre tableau de la Reine Marie-Antoinette avec ses deux premiers enfants. Ce portrait a été réalisé par Adolf Ulrich Wertmuller en 1785.

Marie Antoinette 1785

C’est un tableau ravissant par la gaieté de ses couleurs et par l’élégance de ses personnages. La souveraine de France y est représentée, se promenant dans son jardin du Petit Trianon. L’accompagnent ses deux premiers enfants : Madame Royale, âgée de sept ans, et le Dauphin Louis Joseph qui a quatre ans. Des tenues légères aux douces tonalités bleues pour les deux enfants et un joli ton rose poudré pour leur mère.

La Reine nous offre une idée de son goût pour la mode : sa toilette est raffinée, avec une profusion de délicates dentelles. Il y a une vraie recherche dans l’harmonie des couleurs qu’elle porte, un rose léger s’alliant parfaitement au gris foncé. La Reine montre également son goût pour les bijoux, l’une de ses mains porte deux grosses bagues et ses poignets sont richement ornés de perles. Et enfin, la coiffure de Marie Antoinette est assez soignée : de larges boucles abondamment poudrées et délicatement relevées en hauteur. Un pouf, orné de plumes et de rubans, couronne la tête royale.

Louis Joseph, Dauphin de France, porte une tenue de petit garçon moderne : il n’est plus en robe longue bien qu’il n’ait pas atteint son septième année. La mode enfantine a également évolué pour laisser aux enfants des tenues adaptées à leur âge. Néanmoins, il porte toujours ce signe distinctif d’un prince de sang royal, ce fameux ruban bleu.

Quant à Madame Royale, elle a relevé le bas de sa robe afin d’y mettre les roses cueillies lors de sa promenade… Des roses qui sont les fleurs préférées de la Reine Marie Antoinette.

L’atmosphère qui se dégage de ce tableau est joyeuse, elle nous offre cette idée de la douceur de vivre en ce XVIIIème siècle. On imagine aisément ce que furent Mousseline et Chou d’Amour pour leur mère aimante, vivant dans un cadre enchanteur et intime tel que le Petit Trianon.

En l’espace de deux brèves années, entre ces deux tableaux, on voit évoluer l’histoire de Marie Antoinette et de ses enfants vers le côté tragique et sombre…

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La Marquise et son Boudoir...
  • Des robes à paniers, des jolies dentelles et des perruques blanches, vous en trouverez à foison ici ! C'est une curieuse passionnée d'Histoire qui essaie de vous faire découvrir sa marotte...
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